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À qui la faute ?

Dernière mise à jour : 24 mai 2022

Lorsque nous nous disputons avec notre partenaire, nous terminons généralement la discussion avec le sentiment que l’autre a tort et que nous avons raison.


Alors que nous serrons les poings et sentons la tension dans nos épaules, nos pensées s’emballent : Il (elle) ne devrait pas me parler ainsi ! Il (elle) devrait avoir ramassé nos vêtements chez le nettoyeur ! Il(elle) devrait se souvenir de la date de notre anniversaire de mariage !


Nous sommes en colère et nous nous sentons justifié(e) dans celle-ci. Le problème avec ce genre de réaction, c’est que nous quittons la discussion en croyant que “nous avons raison”, mais ce faisant nous nous éloignons également de notre partenaire.


Une partie de nous croit que nous avons gagné, mais une autre partie de nous plus profonde est consciente de la tension entre nous, de la distance qui a remplacé la proximité et la complicité. Nous savons qu’ultimement, personne ne sort gagnant de cette situation.


Quelle tristesse ! D’autant plus que nous savons, grâce à la théorie de l’attachement ainsi que des années de recherche sur la thérapie conjugale, que toutes ces disputes sont en fait des tentatives des conjoints de se connecter l’un à l’autre, de se sentir complices et plus proches.

Comment parvenons-nous donc à un résultat complètement opposé ? Si sentir que nous avons raison est notre but ultime, alors comment se fait-il qu’en quittant la discussion avec le sentiment “d'avoir raison”, nous ne ressentons pas la joie, l’allégresse et la satisfaction que gagner nous apporte généralement ?


Souvent, lorsque je travaille avec des couples, je leur demande, “Qu’est-ce que cela vous donnera d’avoir raison ? En quoi cela vous aidera-t-il si votre partenaire dit qu’il (elle) a eu tort ?” Ultimement, ce qui est exprimé c’est que nous souhaitons être compris(e) par notre partenaire et plus spécifiquement qu’il (elle) sache à quel point leurs actions ou inaction a un impact sur nous.


Lorsque nous sentons que notre partenaire ne comprend pas comment nous nous sentons, ou ne voit pas selon notre perspective, on peut se sentir frustré(e) et seul(e). Quand notre partenaire promet de nous venir en aide et nous oublie, nous lui disons, “Je ne peux pas croire qu’après te l’avoir rappelé dix fois, tu l’as quand même oublié !” alors que ce que nous souhaitons qu’il (elle) sache c’est que quand il (elle) oublie, nous nous sentons moins important et au bas de leur liste de priorités.


Quand notre partenaire nous appelle paresseux ou stupides, nous répliquons, “Tu es un monstre, tout comme ton père !” alors que ce qu’on veut dire c’est plutôt “tes mots sont heurtant, cela me blesse quand tu me parles ainsi.”


Le problème est que dans cette tentative pour “avoir raison”, plutôt que de rapprocher notre partenaire pour qu’il (elle) puisse voir notre blessure, notre message blâmant le (la) repousse et lui donne envie de se défendre.


Comme être humain, quand nous sommes menacés, toute notre énergie est consacrée à survivre à cette menace, et notre habileté à écouter les émotions de notre partenaire devient nulle.

Lors de mes séances de thérapie de couple, lorsqu'un partenaire se tourne vers l'autre et lui fait part de la douleur et de la vulnérabilité qu'il ressent, il est souvent surpris de l'empathie qu'il suscite chez lui.


Soudainement, le partenaire peut baisser son bouclier, car il n'est plus confronté à une attaque.


Au contraire, il voit que la personne qu'il aime souffre. Le message passe de "tu as tort" à "tu es si important pour moi, que tes paroles et tes actes ont un impact sur moi". Ce nouveau message incite à la proximité, à la compréhension et à l'apaisement, plutôt qu'à la défensive et à l'obstruction. Souvent, lorsqu'un nouveau message de vulnérabilité remplace un message de blâme, les partenaires disent : “Wow, je ne savais pas que tu te sentais comme ça, j'ai vraiment envie de te serrer dans mes bras en ce moment.”


Assis.e dans le fauteuil de la thérapeute, regardant cette scène se dérouler, je sens souvent mes yeux se mettre à larmoyer, touchée par ce moment spécial de connexion entre deux personnes. La prochaine fois que vous vous éloignez de votre partenaire en vous sentant "justifié.e", je vous encourage à vous demander si être "justifié.e" est vraiment ce que vous recherchez.


Si oui, je vous encourage à rester sur vos positions. Mais si ce que vous désirez est en fait de vous sentir compris.e, apaisé.e et soutenu.e par votre partenaire, je vous encourage à prendre le risque de partager vos sentiments les plus tendres.


La réponse que vous obtiendrez pourrait vous surprendre.



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